Un goût de semi-liberté ?
Comme un goût de liberté. Une sensation de vide autour de nous, d’ouverture. Comme si notre respiration reprenait de nouveau. Comme si, enfin, l’air était de retour après plusieurs semaines d’asphyxie. Comme si on nous ouvrait un immense portail. Comme l’entrée d’un château.
Vous voyez ce que je veux dire ?
On nous lâche, dans une grande prairie. Comme un troupeau d’êtres humains. Enfin libres. Nous sommes ? Déconfinés. Franchement, qui aurait cru dire ça un jour ?
Mais en réalité, la prairie ressemble au vide. Elle ressemble à l’inconnu. Et ce n’est pas un immense portail de château que nous avons ouvert, mais une porte. Une petite porte. Une porte en bois, un peu fragile. Celle dont on ne sait jamais ce qui se cache derrière, comme dans les films.
On ne sait pas réellement ce qu’on va y trouver. Ce qu’il va se passer. On ne sait jamais si cette porte se refermera rapidement derrière nous, ou non. On ne sait pas si nous allons nous retrouver emprisonnés derrière cette porte. On ne sait pas si elle nous emmène vers une verte prairie ou vers un atroce film d’horreur. Seul l’avenir nous le dira.
Mais, cette porte, on l’a ouverte. Celle de notre coiffeur, de notre boutique préférée, de notre fleuriste adoré. De petites portes habituellement si simples à pousser. Et pourtant si désarmantes aujourd’hui.
Une liberté au goût amer. Un goût de peur, de risque, de danger. Un mélange de bonheur et d’effroi. Une amertume difficile à gérer. Un apprentissage. Un nouvel apprentissage.
L’inconnu plutôt que la liberté. Réapprendre à vivre. Autrement, différemment. Apprendre à ne plus se câliner, ne plus s’embrasser. Apprendre à attendre. Attendre, encore. Attendre avant de nous serrer bien fort. Apprendre à garder son calme, s’impatienter, gérer.
Reprendre le cours de la vie, apprendre une nouvelle liberté. Reprendre le cours des choses, mais sans comprendre. Avec de nouvelles règles, de nouveaux sens, de nouvelles approches.
Réapprendre à s’aimer mieux, se parler, échanger, se comprendre. Autrement, pas comme avant. Comme si l’avant n’existait plus. Comme si tout ce que l’on connaissait avait disparu. Comme si une partie de nous était restée là-bas. Dans ce monde d’avant. Apprendre ce qu’est « autrement ».
Changer des habitudes.
Quoi de plus difficile que de changer nos habitudes ?
Changer ce que nous connaissons, ce que nous comprenons. Changer notre façon de voir, d’appréhender. Changer nos relations, notre façon d’exister, de se promener, de travailler. Changer nos habitudes, celles de nos proches. Nous changer.
Être comme un nouveau-né. Découvrir le monde qui nous entoure, découvrir la vie. L’apprentissage, à nouveau. Apprendre à changer, parce que nous avons toutes et tous des habitudes bien ancrées. Apprendre, et voir changer ce que l’on connaît.
Si vous saviez comme les habitudes ont la vie dure. Mes habitudes ont la peau dure. Je suis de celles et de ceux qui panique face aux changements. Je suis de celles et ceux qui n’aiment pas changer leurs habitudes. C’est mon côté maniaque. Le changement, ça n’a pas que du bon !
Je fais partie de ces personnes qui ont toujours les mêmes habitudes. Toujours les mêmes restaurants, les mêmes salons de thé. Toujours les mêmes boutiques, les mêmes trajets. Toujours les mêmes plats, les mêmes boissons. Toujours les mêmes lieux, les mêmes gens. Je fais partie de ces personnes stressées par le changement.
Alors oui, on nous laisse un goût de liberté. Mais une liberté contrôlée. Pour le bien de notre, votre, leur, ma santé. Ce n’est donc pas la liberté que l’on connaît. Et pendant plusieurs semaines, mois, années… il faudra mettre de côté ce que l’on connaît de la liberté.
Un inconnu pas encore connu. Alors que nous allons, finalement, vers un inconnu que nous connaissons. Alors que l’inconnu qui est déjà connu, avec ses airs de déjà vu, n’est pas maintenu.
Les habitudes. Nos habitudes. Nos câlins, nos embrassades, nos bisous, nos conversations, nos rencontres, nos chemins. Nos belles et douces habitudes se doivent de changer. Ou peut-être pas de changer, mais d’évoluer.
Nous protéger. C’est certainement ce qui est le plus difficile à gérer. Mais ce n’est que pour mieux avancer. Pour pouvoir recommencer. Nous retrouver. Nous embrasser.
En ce moment c’est le vide dans mon esprit. Après 2 mois bien au chaud, dans une bulle, comme coupée du monde et de la pluie. Comme si j’avais laissé mon corps vivre, mais que j’avais laissé tout le reste sur pause. Une page de publicité qui a défilé, avant de reprendre un film bien loin de notre réalité.
Cette sensation étrange de ne pas savoir comment gérer. De ne plus savoir quoi faire, comment avancer. Comme une sensation de ne plus savoir marcher. La peur de sortir, d’être jugée. Le stress de ne pas savoir comment faire, ne plus savoir comment faire. Comment me comporter. Comment parler.
Une sensation gênante, voire oppressante, de devoir tout réapprendre.
Aujourd’hui, à l’heure où je vous écris ces quelques mots, je suis dans mon lit. Il est 22h, nous sommes lundi, le confinement a pris fin ce matin. Demain, je m’apprête à sortir à Tours pour la première fois. Et je me sens perdue. Comme si on allait atterrir dans un monde que je ne connais pas.
Je vais faire quelques photos, j’ai besoin d’acheter quelques accessoires pour mes clients. Je me sens impatiente et en même temps stressée. Alors, comme à mon habitude, je pose quelques mots sur le papier. Au moins une habitude qui n’est pas près de changer !
Aujourd’hui, je reprends mes écrits. Finalement ces quinze jours n’ont pas réellement changé mon ressenti. Cette étrange sensation de voir la vie sans réellement la vivre est toujours présente. Même après une pause hors du temps chez mes parents, le retour à notre nouvelle réalité est un peu compliqué.
Ne pas savoir ce que va devenir demain. Avancer au jour le jour, tout en essayant de prendre de l’avance. Pour éviter ce moment fatal, s’il y a. Le stress de se retrouver de nouveau enfermé, et en même temps la peur de profiter. Tout est si changeant. Alors en attendant, j’écris. Je vous écris. En me faisant du bien tout en espérant vous en faire aussi.
Je ne sais pas si je vous publierai ces quelques notes, tapées sur mon clavier au fil de mes idées. Mais si jamais, je serai curieuse de savoir ce que vous ressentez ?
En attendant, du fond de mon lit avec la gorge serrée, je vous embrasse de loin mais avec le cœur. Et on se retrouve très vite pour de nouveaux mots, je l’espère, bien plus beaux !
▼
Pour shopper mon look ou un look similaire :
Sweat Bizzbee – Robe Bizzbee – Bottines La Halle (similaires Nasty Gal) – Montre Daniel Wellington
▲
Prenez soin de vous,
LPB.