L’angoisse, mon angoisse

Publié le 5 mai 2020 , dans la catégorie Life

Autoportrait en noir et blanc pour parler de mon angoisse : l'angoisse

Enfermée entre 4 murs, mais la tête dans les nuages. Que voulez-vous, c’est ainsi que je suis. Mon enveloppe corporelle est bien confortablement installée dans mon lit, à vous écrire ces quelques mots. Mon esprit lui, divague, voyage, se balade.

Je suis déjà comme ça en temps normal. Mais en ce moment, ce sentiment est décuplé. J’ai du mal à me concentrer, me motiver. J’ai l’impression d’étouffer, alors que mes pensées elles ne font que s’échapper.

Alors j’écris. J’écris à mes proches. J’écris aux personnes âgées, j’écris aux enfants. Je vous écris. J’écris pour écrire. Parce que l’écriture est, pour moi, le meilleur des remèdes.

Lorsque j’ai un coup de blues, mes pensées s’en vont à d’autres pensées. Je m’imagine écrire, poser des mots sur mes maux. Lorsque le moral est au plus bas, les mots viennent et reviennent. Sans cesse. C’est un tourbillon d’émotions et de pensées que mon esprit a besoin de poser sur le papier. Ou plutôt, de taper sur le clavier.

En ce moment, tout est différent et si peu en même temps. Mon quotidien c’est de vivre et de travailler à la maison. Et pourtant. Je me sens comme compressée, bâillonnée. Je sens mon corps me hurler qu’il a besoin d’air, il me le murmure.

Ces murmures ? Ce n’est pas le confinement qui me les a apportés. Ces murmures sont là depuis bien des années. Ce besoin d’air, de renouveau, de souffler, de respirer, de m’évader. Ce besoin en moi est inné.Portrait en noir et blanc au milieu d'arbres, un maquillage géométrique dessiné sur le visage, les yeux fermés la tête levée avec la main sur la tête

Angoissée.

Non, je ne suis pas stressée. Non, je ne suis pas triste. Je suis angoissée.

L’angoisse.

Non, ce n’est pas du stress. Non, ce n’est pas de la dépression. C’est de l’angoisse.

Cette angoisse.

Je ne sais pas d’où elle vient. Mais elle vient, elle revient. Depuis mon adolescence, elle me fait sentir sa présence. Non, je ne suis pas stressée. Non, je ne suis pas malheureuse. Je suis angoissée.

Photo portrait au milieu de grand arbres, un maquillage géométrique sur le visage, pour parler des crises d'angoisse

Beaucoup ont du mal à comprendre. Beaucoup cherchent pour moi des raisons. Beaucoup pensent qu’il y a obligatoirement une explication.

Des explications, j’en ai cherché. J’ai torturé mes pensées, je me suis inquiétée. J’ai cherché, dans mon passé. J’ai cherché, au fil des années. J’ai cherché, pour ne pas gâcher mes futures années.

Mais non. Je ne me l’explique pas. Ça va, ça vient. Cette angoisse, elle fait son chemin. Parfois quelques jours. Parfois quelques semaines. Parfois quelques mois.

Parfois elle s’installe en moi, et la savoir là, ne fait que décupler ce qui se passe en moi. Je ne respire plus. Je manque d’air. Je suffoque. Je m’assois. Je me couche. Je pleure. J’ai besoin de respirer. J’ai besoin d’air, de vent frais. J’ai besoin de souffler. J’ai besoin de m’asseoir, de m’allonger, de pleurer.

C’est difficile de vivre avec quelque chose que l’on ne saurait expliquer. C’est difficile d’expliquer ce que l’on ne saurait comprendre. C’est difficile de faire comprendre que l’on ne s’est pas l’expliquer.Photo géométrique et make-up géométrique pour parler des crises d'angoisse

Le stress, je maîtrise. La tristesse, aussi.

Quand je suis stressée, je ne suis pas forcément angoissée. La boule au ventre, l’envie de faire pipi, la bouche sèche, la voix qui tremblote, mes paroles qui s’accélèrent, le cœur qui bat fort, je gigote, j’ai un sourire nerveux, je bafouille. Mon stress, je le connais. Et dans ces moments-là, je ne suis pas angoissée.

Quand je suis triste, je ne suis pas forcément angoissée. L’envie de tout envoyer balader, de pleurer. Le besoin d’être collée à mon amoureux, de retrouver mes proches, de rire avec eux. Le sentiment que la vie n’est plus rose ou grise, mais noire. Me plonger sous un plaid, en pyjama toute la journée, avec un thé. Ma tristesse, je la connais. Et dans ces moments-là, je ne suis pas angoissée.

En réalité, c’est mon troisième cerveau qui travaille. Celui qui bosse tout seul. Celui qui est, scientifiquement, incontrôlable. Celui qu’on ne sait réellement traiter. Celui que l’on n’arrive pas à gérer, à expliquer, à maîtriser.

C’est comme un autre moi dans mon moi, qui décide parfois de faire entendre sa voix. Sans que, à ce moment-là, mon moi se sente triste ou stressé. C’est comme si une petite bête noire venait me chatouiller les poumons, me bloquer la respiration. C’est un monstre, mais pas celui dont on parle aux enfants.Geometric make-up sur une photo portrait en noir et blanc, sans sourire, pour illustrer un article sur l'angoisse

C’est un monstre qu’il n’est pas facile de chasser de sous le lit… enfin, de mon esprit. C’est un monstre qui prend de la place dans une vie. Et le pire, c’est que lui, il ne reste pas caché au fond du placard. Et il ne sort pas seulement lorsqu’il fait noir !

Lui, il peut me rendre triste. Lui, il peut réussir à me stresser. Pas parce qu’il est là. Mais parce que je ne sais pas quand il partira. Ce monstre, mon monstre : l’angoisse.

Ce qui me rend triste, c’est de ne pas réussir à le contrôler. Ce qui me stresse, c’est de ne pas réussir à le cacher. Pourtant, autour de moi, peu de gens détectent ce monstre qui sommeille en moi. Pourtant, il arrive à se dissimuler.

Mais ça me rend triste. Triste parce qu’il n’est pas facile d’en parler. Stressée, parce qu’il n’est pas facile d’en parler.

La réalité, c’est que ce monstre n’est pas que le mien. Il a bien des visages, il est souvent différent. Mais ce monstre, beaucoup l’affronte. Parfois par crise. Parfois seulement quelques heures. Parfois seulement quelques jours. Et parfois, des semaines, des mois, des années.

Ce monstre ne s’exprime pas toujours de la même façon. Et pourtant, ce monstre il n’est pas facile d’en parler. Parce que, beaucoup n’ont pas d’explication concernant ce monstre caché au fin fond de leur esprit torturé.

Alors aujourd’hui, j’avais envie de parler du fait qu’il n’est pas facile d’en parler. Parce que comment parler de quelque chose dont on n’arrive pas à parler ?

Voilà plusieurs semaines que ce monstre est de retour dans ma vie. Il s’est invité dans mon lit, quand je fais pipi, lorsque j’écris, lorsque je lis, lorsque je ris. Il est là, toujours, tous les jours. Mais je sais qu’il ne va pas rester pour toujours.Un make-up géométrique pour parler des crises d'angoisse, les cheveux attachés, de profil, un doigt silencieux sur les lèvres

Il va repartir. Me laisser sourire. Et il va revenir.

Ce cercle vicieux je le vis depuis plusieurs années. Je me souviens, plus petite, lorsque l’angoisse arrivait je me blottissais contre ma maman, impuissante, pour qu’elle me papouille le dos. Qu’elle me rassure, qu’elle m’apaise. Qu’elle me dise que tout allait bien se passer.

Sans explication. À cette époque l’angoisse venait, quelques heures, et repartait.

Aujourd’hui, c’est contre mon amoureux que je me blottis. Tant bien que mal, il m’apaise, me calme. Je le vois essayer de faire comme si de rien n’était pour que j’essaie d’arrêter d’y penser. Et moi, je ne fais que m’excuser.

Pourtant, il a raison. Lorsque je n’y pense plus, je suis apaisée. Tout du moins, je suis calmée. Je respire, je souffle. Alors, autant vous dire qu’en écrivant ces quelques mots, comment ne pas y penser ?

Je suis là, derrière mon clavier à pianoter. Je n’arrête pas d’y penser. J’ai l’impression d’étouffer.

Et en même temps, j’ai l’impression de me libérer. J’ai l’impression de vider un sac bien trop plein depuis toutes ces années. J’ai l’impression que parler de ce sujet me fera avancer. Et j’espère en même temps vous aider, vous à avancer.

Je sais que je ne suis pas seule. Vous savez que vous n’êtes pas seuls.

Alors, parlons-en. Échangeons. Libérons-nous de ce poids. De ce monstre. Laissons échapper ce monstre quelques instants en en parlant. Posons notre angoisse pour justement en parler.

Sandie alias Les Petits Boudins, 28 ans, angoissée mais prête à en parler.Portrait en noir et blanc d'un maquillage géométrique pour parler des crises d'angoisse

PS : que vous soyez angoissée ou non, n’hésitez pas à me laisser un petit mot en commentaire pour échanger à ce sujet. Partager vos expériences. Donner vos conseils, votre ressenti. Ce que vous pensez de tout ça, de mon article, de ces quelques mots. Cela me ferait plaisir d’échanger avec vous, peu importe que vous soyez angoissé(e)s ou non, c’est évident ! 😊

Et pour rester positifs et positives, je me suis écrit une « lettre à moi-même » il y a quelques temps. Une lettre qui m’a fait du bien, dans laquelle je me suis autant libérée que dans l’article d’aujourd’hui.Portrait souriant pour illustrer un article sur le denouement des crises d'angoisse avec un maquillage géométrique sur le visage

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